Héritage
Publié le 1 Août 2020
L’héritage est un paradoxe : on reçoit alors même qu’on a perdu.
L’héritage est le signe matériel de cette perte qui prend alors une forme concrète.
Mais, avant même la perte, n’a-t-on pas déjà hérité ? On n’échappe pas à l’héritage, à l’hérédité : la couleur des yeux ou la forme des ongles, les nuances de la voix ou certains traits de caractère sont là, indubitablement.
Ainsi l’héritier reçoit, même s’il s’en défend ; nous sommes tous dépositaires de nos parents, de leurs réussites comme de leurs manquements.
À leur décès, l’héritage prend une forme nouvelle; quels sont ses biens dont on se retrouve alors détenteur : compensation symbolique ou bien fardeau ?
Quel est ce poids qui s’abat sur mes épaules ? Que faire de ce qui m’est donné, de ce qui m’est transmis ?
La transmission, jusqu’alors insensible, apparaît au grand jour et fait naître de nouvelles responsabilités : comment préserver une mémoire ? Comment avancer, lesté de ce poids nouveau ? Comment ne pas rester pétrifié, désespéré ?
Car ce poids est le signe d’une béance, d’une absence et rien ne peut remplacer ce que j’ai perdu.